Le mot yama dans son sens le plus profond signifie : l’administrateur. Les yamas représentent donc l’administrateur du yoga et permettent le contact avec le soi. Ils sont les qualités du soi cosmique, présent du début jusqu’à à la fin de l’expérience du Yoga parce que le samadhi est l’expérience du soi stabilisé. Au début c’est l’expérience du soi ponctuel qui progresse graduellement dans notre existence à travers la pratique des méthodes du Yoga. Yama est aussi associé aux cinq qualités du soi cosmique. Ce sont des lois universelles et aussi les qualités fondamentales de l’administrateur du yoga. Il y a cinq yamas et cinq niyamas. Les yamas sont les qualités fondamentales au niveau du soi cosmique et les niyamas sont les qualités fondamentales associées à notre processus d’incarnation et notre manifestation sur le plan terrestre au niveau de l’âme individuelle.
Les cinq yamas représentent des qualités comportementales et sociales qui se développent spontanément à travers l’expérience du yoga. Dans les écoles de Yoga cela est présenté comme des codes ou des règles d’éthique comportementale et sociale à mettre en pratique au niveau mental. C’est une vision très restrictive de la réalité du yoga dont le but est la libération! Cela voudrait dire que lorsque nous commençons une pratique de yoga nous devrions en quelque sorte, nous soumettre à une règle plus ou moins semblable à celle des 10 commandements. L’expérience spirituelle du yoga ce n’est pas de mettre en pratique des règles artificielles des éléments qu’on ne vit pas. Ce sont des qualités qui se développent en nous spontanément au fur et à mesure, dans le contexte de l’expérience du yoga. C’est une expérience qui transforme de l’intérieur et qui nous amène de plus en plus agir en accord avec les grandes lois fondamentales de l’univers et de la nature. Il est impossible de se transformer en s’imposant des comportements qui ne nous ressemblent pas ou qui ne correspondent pas à notre niveau de conscience. Donc cette vision des écoles de yoga amène à se comporter de manière antinaturelle. Les yamas ne sont pas des règles mais des qualités de conscience qui se développe au fur et à mesure de l’expérience spirituelle. C’est-à-dire l’expérience de l’union le contact avec le soi qui nous permet de grandir dans la lumière intérieure durant notre vie et notre existence. Mais quelle est donc la relation entre le social et le yoga ? Dans la société, notre relation avec les autres génère toutes sortes de tensions et de stress qui se traduisent en émotions. Les yamas nous permettent d’éliminer les troubles émotionnelles qui sont associés à ces tensions. Ils vont déraciner la cause de nos troubles mentaux, comme la culpabilité et les multiples conflits intérieurs, afin d’avoir un mental paisible et être prêt pour les étapes avancées dans la voie du Yoga. Ces qualités concernent aussi ceux qui passent leur vie entière à la prise de conscience du Soi dans une pratique ascétique et le dépouillement le plus total. Patanjali y voyait comme une étude pour ceux qui se destinaient au bramacharya (le contrôle sexuel). Ces yamas pris en tant que règles sont difficilement applicables dans ce monde moderne et pour l’individu mondain qui vit en société. Il a des relations sexuelles et son mental est déjà constamment harcelé de mille et une pensées à la seconde, il rebondit sans cesse comme un petit singe d’une branche à l’autre. Toutefois, avec une pratique sérieuse des asanas et du pranayama, les yamas se mettront en place d’eux mêmes sans effort, dans le sens où l’étude se placera sur des plans où l’individu en a le plus besoin. Mépriser, médire, mentir ou encore voler ses amis ne va pas de pair avec l’établissement de la paix en soi-même. C’est aussi simple que cela. Avec les yamas il n’y a plus de conflits entre les pensées et les actions, dé-facto, le mental peut se calmer et se stabiliser.
Les 5 Yamas:
1-Ahimsa : La non-violence en acte, en parole et en pensée. La colère est nécessaire parfois, elle est cathartique mais avoir un comportement à caractère colérique engendre une énorme perte d’énergie. La colère induit parfois des violences encore plus importantes et irréversibles. C’est une énergie qui épuise le mental et le physique. La colère réside à l’intérieur de soi et l’autre n’en est que le déclencheur. Il est donc très important de commencer à développer la compassion et la tolérance envers soi pour le contentement et la paix. Ensuite cela pourra s’appliquer aux autres. C’est une force de détermination, qui implique néanmoins qu’il faut se défendre face aux attaques des autres, mais de façon la moins agressive possible. La guerre est dans l’ordre des choses pour trouver la paix. Toutes personnes évoluées en yoga fera son devoir, (dharma) quelles que soient les conséquences.
2-Satya : La vérité : Mentir entretient beaucoup de tensions mentales et aussi la peur que le mensonge soit découvert. Le livre de Jean Cocteau “Le menteur”, reflète bien les déboires du menteur et toutes les tensions que cela engendre et la perte d’énergie que cela occasionne. Le mensonge que ce soit vis à vis des autres ou de soi même est un travail à plein temps, cela est mentalement fatiguant et finalement ingérable, sans compter la culpabilité qui en découle. La vérité entre les êtres est le fondement des bonnes relations. La méditation est une recherche de vérité. Comment y parvenir si nous mentons aux autres et à nous même.
3-Asteya : L’honnêteté. S’approprier le bien d’autrui est signe d’avidité. Il est nécessaire de savoir prendre ce qui est donné et uniquement cela, le désir de posséder ce que l’autre a, implique la peur du manque, la frustration et la colère. Les gens désireux de pratiquer le yoga ne sont point troublés par la malhonnêteté.
4-Brahmacharya : Le contrôle sexuel; mais pas dans le sens de l’ascèse ou d’une abstinence totale car l’énergie sexuelle est une énergie qui doit s’exprimer. Les religions ont sévit pendant des siècles en imposant des règles sévères sur ce besoin naturel sans grands résultats car cette énergie est justement la force de vie propre à chacun et ne peut pas être annulée. Si l’on supprime la sexualité cela occasionne des souffrances émotionnelles et de sévères troubles psychologiques. Il s’agit plutôt de réguler cette activité dans la mesure du possible pour gérer son énergie vitale. L’énergie sexuelle si elle est maîtrisée, pourra aussi être dirigée vers l’expérience méditative, cette dernière y gagnera en puissance et en rayonnement. Chacun doit trouver sa propre ligne de conduite et trouvera comment user de son énergie avec sagesse.
5-Aparigraha : La non-possession. L’idée est de pouvoir posséder des choses sans s’y attacher. L’attachement à un objet est source d’affliction lors de sa perte. Un dommage subit sur cet objet chéri devient une source de contrariété. La propriété engendre la peur de perdre cette possession ou encore qu’elle s’abîme. Cela induit insidieusement un stress, un tiraillement permanent dans le mental et gaspille l’énergie au lieu qu’elle soit consacrée à la sadhana. Vis à vis des richesses, cette attitude de non possession permettra de se libérer des soucis et des tensions mentales qu’elles engendrent, c’est le lâché prise!
Rédigé par Anne-France Saunier tous droits réservés