Sahasrara : le lotus au mille pétales.
Sahasrara est le siège de la supra conscience et rejoint le Samadhi, but ultime du Raja Yoga. En fait ce n’est pas vraiment un centre psychique bien qu’on le décrit comme tel car il contient en son sein toutes les formes psychiques. Etant à la fois sans forme et avec forme il se situe au delà du domaine de la psyché et représente le vide de la totalité “shoonya”. Pourtant il est omniprésent dans l’expérience de l’éveil des centres psychiques mais n’agit en rien car il n’est pas conditionné. Il contrôle l’éveil des chakras et est le point culminant de l’ascension progressive de la kundalini, de muladhara à ajna. La puissance ne provient pas des chakras, ils ne sont que les commutateurs du potentiel qui se trouve à sahasrara. Il représente le seuil entre les sphères psychiques et spirituelles à l’apogée de l´expansion de la conscience. Quand la kundalini atteint sahasrara, les deux forces opposées, la conscience cosmique et l’énergie cosmique convergent et s’unissent. C’est la fin de la conscience individuelle et le début de la conscience universelle.
Il est très difficile de le décrire, les mots le confinent à la limite de notre imagination, seule l’expérience du Samadhi, vide total ou les notions du je, du temps et d’espace n’existent plus amène la connaissance de Sahasrara.
Dans le corps physique sahasrara se situe au sommet du crâne et flotte au dessus de la tête. Il est associé au corps de félicité ou anandamaya Koshas. Il est visualisé comme un immense dôme de lumière.
Son symbole est un lotus en éclosion à mille pétales multicolores qui s’ouvrent à l’éternité et l’ infinité.
L’eveil de ce centre produit le Samadhi qui se réalise quand la kundalini atteint sahasrara..
Sahasrara est la demeure de Shiva c’est à dire l’état le plus élevé de la conscience. L’union de Shiva la conscience et de Shakti l’énergie, amène à la réalisation du soi. C’est une expérience au delà de notre imagination qui engendre la fin de la conscience mondaine et individuelle, là ou le nom et la forme disparaissent. La conscience du je, toi, ou eux, se dissout.. Celui qui est le témoin de l’acte, le fait de voir et ce qui est perçut, ou encore l’expérience, l’objet de l’expérience et l’expérimentateur, deviennent une seule et même réalité. La conscience n’étant plus entachée par l’ego, elle s’illumine. Le méditant, l’objet de la méditation et l’expérience de la méditation ne font plus qu’un, la notion de dualité est anéantie.
L’union et la fusion de Shiva et Shakti amène à la fin de la conscience duelle ou multiple ou seule reste la conscience pure qui règne dans le silence absolu.
Les religions et les méthodes mystiques quelque soit leur culture, décrivent l’expérience de sahasrara comme la communion ou l’illumination, le nirvâna, le ciel ou encore le Samadhi et la réalisation du soi.
Le texte de Patanjali, “les yogas sutras” n’évoque pas le terme kundalini parce la kundalini est la matière traitée par le Tantra. Patanjali a écrit les yoga sutras pendant la période du bouddha, six cent ans avant la naissance du Christ. A cette époque le tantra avait une mauvaise réputation en Inde parce que les sidhis résultants de la kundalini étaient souvent utilisés à des fin maléfiques qui asservissaient des gens aux pouvoirs des yogis dits de conscience noire. Aussi Patanjali instaura dans ses yogas sutras une réforme sur le yoga afin d’en codifier la pratique et de reformuler son but réel. Il supprima la terminologie tantrique et mis en place un langage différent afin de garder la connaissance vivante.
Le raja yoga de Patanjali décrit l’état de Samadhi au sens littéral de conscience supra mentale. Ce traité indique que la conscience se traduit par un processus d’évolution bien précis.
D’abord il y a la conscience sensorielle qui perçoit par les organes des sens: la forme avec les yeux, le son avec les oreilles, le toucher avec la peau, le goût avec la langue et l’odeur avec le nez.
Vient ensuite la conscience mentale qui amène la connaissance du temps et et de l’espace. Enfin arrive la conscience supra mentale qui traduit toute une game d’expérience. Elle progresse lentement comme une métamorphose. Le Samadhi est donc une suite d’expériences passant d’un état de conscience à un autre sans qu’ils ne se démarquent brutalement.
De la même manière que l’enfance est une période longue avant l’âge adulte et que la vieillesse n’arrive pas du jour au lendemain.
Patanjali à classé le Samadhi en trois phases. D’abord il y a le savikalpa Samadhi dans le quels les fluctuations du mentales se déroulent en trois étapes passant de vitarka, vichara, ananda et asmita.
En second arrive asampragyata, le Samadhi sans conscience mais toujours imprégné des fluctuations du mentale.
Dans nirvikalpa Samadhi, la troisième catégorie du Samadhi, il n’y a plus de fluctuations.
Ces étapes indiquent un état particulier ou la conscience mentale s’érode très progressivement pour laisser se développer une conscience supérieur. Ce processus d’interaction des deux états de la conscience est incontournable. Il est donc impossible de déceler précisément le début du Samadhi, ou finit la conscience mentale et ou commence la conscience supramentale? Les phases du samadhi se fondent l’une dans l’autre dans une progression continue.
Le tantra explique que l’ascension de la kundalini dans les chakras de muladhara à ajna est une évolution de la conscience qui amène des états de conscience parfois sombres et parfois illuminés et que ces expérience sont influencées par l’ego.
Il est impossible de transcender l’ego dans les centres inférieurs, la transcendance commence quand la kundalini s’éveille dans les centres du haut au moment ou elle atteint ajna chakra. A ce stade l’ego est totalement anéantie, c’est la fin de la conscience mondaine.
En tantra les énergies opposées fusionnent et se dirigent ensembles à sahasrara. C’est le point le plus élevé de la conscience et pour Patanjali en raja yoga c’est la fin de la phase de savikakalpa et le début de nirvikalpa Samadhi c’est l’enstase.
Les descriptions des expériences du Samadhi et celles de l’éveil de la kundalini à sahasrara sont similaires, elles provoquent l’union total et le déploiement de l’illumination.
L’approche du raja yoga est plus mentale plus intellectuelle et celle du tantra plus émotionnelle dans sa méthode d’expression. Mais les deux voies sont finalement une seule et même réalité qui amènent au but ultime du yoga, la réalisation spirituelle.
Article écrit par Anne France Saunier tous droits réservés.